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Bayrou, notre Columbo français

Il n’a pas de Peugeot 403, de cigare mâchouillé, ni même de vieil imperméable usé. Pourtant, François Bayrou a parfois des allures du génialissime inspecteur Columbo. Il a réussi là où Michel Barnier avait échoué. Pour cause, il a utilisé la méthode inverse. Son prédécesseur, issu du rang Les Républicains, avait en effet opté pour une séduction du Rassemblement national et de la macronie, dont la partie la plus à gauche n’était pas particulièrement satisfaite de sa nomination. Gabriel Attal par exemple, ancien Premier ministre devenu chef de file des députés Ensemble pour la République, a tout fait pour empêcher le Savoyard de parvenir à ses fins. Si le négociateur du Brexit, vanté pour ses hautes qualités consensuelles, n’était pas parvenu à rester en place plus de trois mois, on pensait déjà écrit le scénario du remplaçant Bayrou.



Pourtant, sous ses faux airs et ses (nombreuses) polémiques, ce dernier est parvenu à échapper à la censure. Il a choisi une stratégie pour le moins risquée, en se tournant vers la gauche pour négocier. Si La France Insoumise a indiqué ne pas être disposée pour parlementer, le Parti Socialiste a saisi sa chance. Pour le locataire de Matignon, seule l’option de l’article 49 alinéa 3 se présente, quitte à subir le dépôt quasi immédiat d’une motion de censure.


Plein d’assurance, il déclarait même au pupitre de l’Assemblée : « J’ai l’honneur, en vertu de l’article 49 alinéa 3 de la Constitution, d’engager la responsabilité du gouvernement », tout en ajoutant que le budget restait « imparfait ». Seuls les insoumis, les communistes et les écologistes auront voté la censure, rassemblant au total 128 députés. Six socialistes ont désobéi aux directives données par le parti en votant avec leurs camarades du Nouveau Front Populaire. Après avoir tergiversé pour maintenir l’exécutif sous pression, le Rassemblement national et leurs alliés de l’Union des Droites pour la République avaient finalement, en début de semaine, indiqué par la voix de Jordan Bardella qu’ils préféraient « éviter l’incertitude » et « l’instabilité qui pourrait s’installer dans la durée ». En réalité, derrière les projecteurs, le « néophyte » Béarnais a finement mené la partie. Le budget de l’État est (enfin !) voté par l’Assemblée nationale.



Qui a dit que les « petites phrases », les « sorties de route », les maladresses n’étaient pas prévues ? Une stratégie dont use également à la perfection l’inspecteur Columbo, interprété par l’acteur américain de grand talent Peter Falk. Dans la série conduite de 1968 à 2003, le spectateur assiste, les premières minutes, à un meurtre planifié dans les moindres détails. L’assassin étant à visage découvert, le défi pour l’habitué qui attend chaque samedi soir la diffusion, ne réside pas tellement sur l’identité du coupable, mais sur la technique employée par le policier de génie afin de confondre son adversaire. Concourant avec des tueurs au verbe haut et à la confiance inébranlable, l’inspecteur se fait passer pour un imbécile, gagnant ainsi leur confiance presque unanimement.


François Bayrou reste malgré tout sur la sellette. Une fois encore, le Rassemblement national devient la variable d’ajustement. Le Parti Socialiste, même allié au NFP – LFI, ne dispose pas des sièges nécessaires pour faire tomber le gouvernement. Tout va donc se jouer sur la capacité de Bayrou à ne pas froisser ses relations avec Marine Le Pen. Comme un clin d’œil, il mène le débat médiatique sur des sujets sécuritaires à l’instar de l’immigration, de la sécurité, du droit du sol ou du fait « d’être français » ! S’il est bien parti pour rester plus longtemps à la tête du gouvernement, la principale intéressée attend désormais plus que des mots qu’elle et son parti prononcent depuis quarante ans, des actes sur lesquels elle le jugera !


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